• Aux Etats-Unis, la polyvalence est une qualité. Comme nous l’avons vu au début de cette chronique des crooners, les chanteurs qui commencent à avoir du succès en radio et sur scène, font rapidement du cinéma. A l’inverse, les comédiens ou danseurs à succès enregistrent quelques albums de chansons. Hollywood qui prend aussi de la grandeur dans ces années 30, devient une machine créatrice de vedettariat et le phénomène des acteurs-crooners perdure jusqu'à nos jours.

     

     

    Au fur et à mesure de l'évolution de ce blog, vous découvrirez donc quelques comédiens qui se distinguent dans le répertoire crooner, en commençant par Fred Astaire (Le plus élégant !), en passant par les plus inattendus tels que Robert Mitchum (héros de westerns) ou Anthony Perkins ("Psychose"), mais également par des stars de la télévision comme Richard Chamberlain ("Les Oiseaux se cachent pour mourir", "Shogun") jusqu'au crooner de l'ère Twitter : Justin Timberlake.

     

    Comme le démontre dans ce clip Leonardo DiCaprio,
    les crooners inspirent toujours le cinéma encore aujourd'hui,
    avec plus ou moins de talent comme vous pouvez le constater...

     


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  • Dès l’apparition du microphone, apparaît également vers le milieu des années 1920, avec les femmes Torch Singers , des chanteuses de ballades mélancoliques. Pourtant la voix plus aiguë des femmes au début des années 1920 n’était pas apte au microphone car elle était réputée endommager les tubes très fragiles de l’appareil. Vaughn De Leath élimine le problème en prenant un timbre de voix beaucoup plus doux, qui sera plus tard reconnu comme du crooning. Cette technique lui vaut le titre de « The Original Radio Girl ». On dit même que Rudy ValléeBing Crosby et Frank Sinatra se sont grandement inspirés de sa technique.

     

     

    L'une de ses chansons à succès , " Are You Lonesome Tonight? "
    enregistrée en 1927, 
    est devenue célèbre lorsqu'elle est devenue un succès
    pour Elvis Presley en 1960.

     

    Les femmes donnaient une nouvelle vie aux chansons qu’elles interprétaient. "I’ve got a crush on you", composée par la famille Gershwin en 1928, est reprise par Lee Wiley et gagne beaucoup en popularité par son ton doux et séducteur, au grand plaisir des Gershwin. Ruth Etting est une autre chanteuse crooner de la radio, populaire au début des années 1930. On la surnommait : « America’s Radio Sweetheart ».

     

     

    (Prochainement, vous pourrez lire la biographie
    de Vaughn De Leath et de Ruth Etting)


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  • En Europe au début des années 30, le crooner n'existe-t-il pas ?

    Décembre 1931, pendant que se déroule la « Bataille des Barytons » opposant les trois crooners dont je vous ai compté précédemment la carrière et qui fit même l’objet d’une chanson : « Crosby, Columbo, and Vallée » par Al Dubin et
    Joe Burke (voir ci-dessous), les Européens ne sont pas en reste avec, à la même époque, le French crooner incarnés par Jean Sablon et Maurice Chevalier.

    Enfin, en Amérique du Sud comme en Amérique du Nord, l’avènement de la radio va créer une série de chanteurs romantiques de la radio que l’on appellera les Latin crooner : Pedro Vargas, Orlando Silva, Francisco Alves... et parmi eux, un chanteur mythique d’origine française : Carlos Gardel.

     

     

    (Très prochainement, vous trouverez les biographies de Jean Sablon,
    Maurice Chevalier mais également de Carlos  Gardel)

     

    Mais le style connaît beaucoup de mauvaises critiques au début des années 1930, au point où le terme « crooner » n’est même plus pris au sérieux. Plusieurs organisations lui donnent une mauvaise réputation, comme l’association des professeurs de chants de New York qui appelle le style « corrompu », le New York Times qui traite le style comme étant un fade qui ne durerait pas dans l’industrie. De plus, le cardinal de Boston, William Henry O’Connel, parlant au nom des catholiques des États-Unis, donne une très mauvaise critique au crooner dans The Literary Digest en 1932, en appelant le style dégénéré, souillant, ignoble et sans principes, imbécile et immoral. Une critique choquante comme celle-ci ne réapparaitra que 25 ans plus tard pour un autre style de musique et principalement contre l'un de ses premiers interprètes, lorsque Elvis Presley, un grand admirateur de Bing Crosby, se déhanche sur la scène et brasse les fondations de la culture traditionnelle causant un délire en Amérique.

    A l'époque, ce sont les Bigs Bands (grands orchestres de jazz) qui ont conquis le grand public. Les plus célèbres sont représentés par Fletcher Anderson, Chick Webb, Count Basie, Cab Calloway, Duke Ellington, Shep Fields, Glenn Miller, Benny Goodman, Artie Shaw. Mais en peu de temps, les deux styles vont fusionner. L'exemple le plus connu étant Frank Sinatra qui débutera dans l'orchestre de Harry James avant d'être engagé par Tommy Dorsey,
    le roi du swing.

     

     

     Artie Shaw - One Song (Nita Bradley, vocal - 1937)

      

    Chick Webb & His Little Chicks - I Got Rhythm (1937)


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  • Les premières grandes stations de radios en Amérique sont NBC en 1927 et CBS l'année suivante.

    Après le fameux crash de Wall Street et la crise de 1929, la dépression apporta la misère et le chômage. Pour faire oublier au public américain le triste réalité quotidienne, Hollywood lui proposa du rêve qu'il pouvait acheter pour quelques cents.

    Fred Astaire et Gingers Rogers créent un onirisme fait de luxe, de belles robes et de smokings, pour assouvir les fantasmes de richesses d'un pays appauvri. Dans les boîtes de nuit, on danse au rythme des grands orchestres et de leurs "chanteurs vedettes". Parmi ceux-ci, en plus de Rudy Vallée déjà cité, il y a Russ Columbo, au charme proche de Rudolph Valentino

     

      

                                         

     


                                                                                                                                               Cadre © La Gentille Rebelle

     Bande-Annonce originale du film "Flying down to Rio" (1933)
     plus connu en France sous le titre "Carioca" avec Fred Astaire et Ginger Rogers

     

     

     Ann Dvorak et David Manners jouent dans "The Crooner" (1932),
    réalisé par Lloyd Bacon

     

     

                                         

     


                                                                                                                                               Cadre © La Gentille Rebelle

     Le contexte historique... Si vous avez un peu plus de temps.

     

     


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  • Au début du siècle précédent, quelques chanteurs surnommés aujourd'hui les "Old Fashion" ("mode d'antan"), contribuent à la naissance du style "crooner".  Ils sont les pionniers du genre. En fait, ils se concentrent sur le pouvoir de transmettre leur voix aux auditeurs en braillant dans des mégaphones de fortune pour couvrir l'orchestre derrière les théâtres et les clubs qui les louent ou durant les enregistrements de 78 tours. 

     

    Ci-dessous, un extrait du film "The Crooner" (1932)
    qui rend hommage à ces artistes aujourd'hui complètement oubliés,
    mais qui ouvriront la voie aux Sinatra et autres Nat King Cole.

     

                                         

     


                                                                                                                                               Cadre © La Gentille Rebelle

      Pour rappel, sur mon premier blog, je vous avais raconté 
    l'histoire de la radio que vous pouvez lire en cliquant ICI

     

    Ces chanteurs des années 1930 vont découvrir le microphone au cinéma et surtout à la radio. Accompagnés par le grand orchestre du radio-show qu'ils animent en direct, souvent sponsorisés par une marque de cigarettes, les chanteurs de radio constatent que s'ils susurrent tout près du micro, avec l'orchestre loin derrière, le résultat semble avoir de l'effet sur les auditrices.

     

    Bing Crosby sera l'un des premiers à réellement jouer de ce nouvel effet, et donc à "crooner" - littéralement "fredonner" - au micro. Crosby étant reconnu pour un son plus sombre, et une approche plus énergétique dans son phrasé qui le classe à part de ses prédécesseurs. Il construit son chant autour du rythme swing, mais est relaxé et dit avoir été inspiré par le jeu de trompette de Louis Armstrong. Son élocution, étudiée par les chanteurs populaires, étant très appréciés. Il ne chante pas "au public", il chante "pour le public". Cette nouvelle sorte d'intimité est à la fois émotionnelle par la proximité apparente du chanteur, mais aussi physique, avec le son des lèvres, de la langue, et de la respiration, qui rende le style très sincère et formera les fondations de beaucoup de ses successeurs. 

     

     

    En raison de sa grande sensibilité et son amélioration à reproduire la voix, le microphone est utilisé en radio pour les émissions, les performances "live" ou encore les enregistrements. Pour la première fois, les voix plus faibles pouvaient remplir des salles de son, et simultanément communiquer chaleur et intimité. Ces voix par contre demandent énormément de contrôle et de pratique, car la technique crooner n'est pas facile et très spécialisée.  

     

    Le chanteur doit se tenir très proche du microphone, la bouche touchant presque l'instrument, le visage directement aligné avec le récepteur. Tous les sons sont captés de façon précise, et le public se sent intimement lié à l'artiste. L'inspiration est très importante, car elle doit rester absolument silencieuse. Le son du halètement causé par une inspiration mal calculée, amplifiée par l'équipement, pouvait causer la faillite de plusieurs chanteurs autrement très talentueux. Les aspirants crooners devaient pratiquer l'inspiration silencieuse de façon diligente, afin d'éliminer toute possibilité de la faire entendre au microphone. 


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