La carrière de Jean Sablon né le 25 mars 1906 à Nogent-sur-Marne, se présente comme un long paradoxe. Nul chanteur ne fut plus français que lui. Pourtant Paris et la France le boudèrent longtemps alors que l'opinion américaine voyait en lui the French Troubadour ou the French Crosby, parlant plus qu'il ne chantait sur des musiques et des textes très marqués par le goût français. Ainsi furent captivés les Américains de la bonne bourgeoisie et les professionnels du spectacle, sensibles à l'esprit de Paris.

C’est en 1933 que ce père des crooners français découvre le micro, qui non seulement amplifie la voix mais en restitue la confidentialité. Dès lors, il va cultiver le pouvoir du micro d'une voix profondément charnelle, et rester avant tout le chanteur du disque et de la radio.

Plus peut-être que sa France natale, l'Amérique des crooners aura donc été sa terre d'élection. Pourtant, ses débuts français datent des années 1930, quand il était le partenaire de Mistinguett au Casino de Paris et qu'il chantait
“Puisque vous partez en voyage” (1931), désormais un classique de la chanson française, tout comme les succès qu'il devait partager avec Mireille : “Le Petit Chemin” (1932) et, plus tard, “Je tire ma révérence”, “J'attendrai”,
“Vous qui passez sans me voir” (1939). C’est aussi l’époque où le disque 78 tours commence à se populariser : il sera
l’un des premiers Français à profiter de cet engouement et à comprendre qu’on peut “jouer du micro”.
Pour son répertoire et sa voix singulière, il imagine un habillage instrumental discret et raffiné autant que musicalement subtil, grâce au guitariste Django Reinhardt, au pianiste Alex Siniavine, au saxophoniste André Hekian et au violoniste Stéphane Grappelli. Il sera aussi l’un des premiers à introduire le jazz dans la variété.

Grâce à la radio, Sablon devient une star hollywoodienne, plébiscité par Bing Crosby et le tout jeune Frank Sinatra qui se compare à lui ! A Broadway (New York), puis à Boston, il tient la vedette de la comédie musicale Streets of Paris. Le producteur lui adjoint Carmen Miranda, qui se produit à cette occasion pour la première fois au Brésil. Il se rend lui-même au Brésil pour des récitals au Casino Atlantico à Rio. Il fera ensuite des tournées sur les scènes d'Argentine, d'Uruguay et du Chili. En 1941, il multiplie les prestations à New York , au Waldorf Astoria, au Plaza et au San Regis, se produit à Los Angeles et à Cuba et multiplie en 1942 les tournées aux Etats-Unis, au Brésil et en Argentine. De retour en Europe, cet homme élégant devient une sorte d’ambassadeur de la France en Amérique et vice versa et se consacre à ses tournées au plan international, passant par les scènes de pays comme le Canada, l'Afrique du Sud, la Belgique. En 1966, il effectue plusieurs récitals à Hong-Kong. Il reste trois mois au Japon, puis rencontre le public australien puis se rend en Nouvelle-Calédonie et en Iran où il chante pour le Shah. Il est engagé aux Bermudes en 1967 puis au Royaume-Uni et poursuit ses voyages de chanteur itinérant aux Philippines, tout en retrouvant régulièrement les principales salles françaises. 

 "My Heart's at Ease"

 "Sur les quais du vieux Paris"

Il conclut ses soixante-et-un ans de carrière par d'ultimes « adieux » en 1984. Il demeure à ce jour l’un des personnages les plus élégants au sens propre comme au sens figuré du show-bizz français.

Homosexuel et n'en faisant pas mystère, il ne sait jamais marié et n'eut pas d'enfants. En 1937, il rencontre Carl Galm, qui sera son manager et son compagnon jusqu'à leurs décès, après 57 ans de vie commune.

Jean Sablon meurt le 24 février 1994. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse avec les siens et Carl Galm.

 Quelques uns de ses plus gros succès

- Ces petites choses -

- J'attendrai -

- Vous qui passez sans me voir - 

- Sur les quais du vieux Paris -

- Un amour comme le nôtre -

- Rendez-vous sous la pluie -

- Cette chanson est pour vous madame -

- Darling je vous aime beaucoup -

- My Heart's at Ease -

- Je tire ma révérence -