• Depuis le début de cette chronologie, il a été plusieurs fois question de l'évocation du "jazz", je ne pouvais donc faire l'impasse sur ce courant musical. 

    En voici donc, la genèse simplifiée en plusieurs articles, vu qu'ils sont étroitement liés...

    On ne peut assigner un lieu de naissance précis à une musique créée collectivement par tout un peuple. Il est cependant légitime d'indiquer que le jazz est né à la fin du XIXème-début du XXème siècle, dans les états du Sud des Etats-Unis (principalement la Nouvelle-Orléans, dans le delta du Mississippi) par la communauté afro-américaine. Et, c'est dans cette partie de la Louisiane que viennent tous les premiers musiciens de jazz de grandes classe, ceux qui ont pétri cette musique qui lui ont donné sa forme orchestrale initiale.

    Durant des siècles de servitudes, les esclaves, arrachés à leur Afrique natale, chercheront des moyens pour survivre dans des conditions de vie inhumaines. Dieu et la musique seront leurs seuls réconforts. Pour se donner du courage lors de leurs durs travaux, les esclaves vont chanter en s'accompagnant en rythme de leurs outils. Il est à noter que les premiers jazzmen noirs des premiers temps, sans exception, appelaient leur musique "ragtime music" et non "jazz", mot qui semble bien avoir été employé tout d'abord par les blancs. Cette musique est le fruit du métissage entre la culture du peuple noir américain. Outre les chants religieux (Negro spiritualsGospels songs), et les works songs (chants de travail des esclaves dans les plantations de coton),  le blues (autre musique noire rurale, né à la fin du XVIIIème siècle) et l'influence de la musique blanche en empruntant de nombreux thèmes (la musique religieuse des Noirs américains était pleine de cantiques européens qui leur avaient été appris par des missionnaires blancs) et en utilisant les instruments de musique inventés par les blancs. Cependant, ces influences sont toutefois extérieures à la substance musicale elle-même car les Noirs, tout en s'emparant des instruments des Blancs, se sont mis à en jouer de façon totalement différente.

     

     

     

     


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    A propos des Mister Jazz et Soul Crooners

     

    Quand on évoque la musique et son histoire, on ne peut ignorer l'importance des musiques afro-américaines. A partir du 20ème siècle, de futures grands noms commencent à circuler, comme lorsqu'un jour de l'année 1920, Louis Armstrong joue dans la petite ville d'Oklahoma, sa musique produisant une petite révolution auprès des spectateurs blancs étonnés d'entendre une telle magie sonore. Ce jour-là, des barrières de la ségrégation semblent avoir disparu durant un bref instant... 

     

    A propos des Mister Jazz et Soul Crooners

    A propos des Mister Jazz et Soul Crooners

     

    A partir des années 30, le jazz se doit d'incarner "la grande musique" des noirs, il tire son origine des chants religieux et profanes des Noirs américains, originaires du Sud des Etats-Unis, qui viennent de vivre des siècles d'esclavages et de servitude et qui n'aspirent qu'à une chose : la liberté. Face à des difficultés d'embauche et à une ségrégation particulièrement forte, la musique apparaît comme un exutoire. Parcourant le pays à la recherche d'opportunités, les musiciens permettent alors au jazz de voyager et d'atteindre au fil des années 30 des villes comme New York ou Chicago. Mais, nous y reviendront un peu plus longuement dans une série d'articles dédiée au jazz. En attendant, un nouveau style se crée au sein de ce mouvement et qu'on appelle le swing (terme inventé par la BBC). Joué à New York, il embrase rapidement le public et se place comme la musique de référence de l'époque en envahissant les salles de bals, de concerts et les ondes radio. A cette époque, la prohibition est levée.

     

    A propos des Mister Jazz et Soul Crooners

     

    Le jazz souvent confidentiel et associé à la vente d'alcool jusqu'alors interdite, sort de l'ombre et s'installe dans des locaux plus accessibles, mais aussi plus grands. On ajoute alors toujours plus de musiciens sur scène, créant ainsi les premiers big bands. Très dansant, le swing né dans les années 30 est sans doute le style de jazz le plus connu dans le monde. C'est d'ailleurs, le style le plus emblématique de cette musique et celui qui a permis au jazz de franchir les frontières tant géographiques que sociales. Mais nous y reviendrons plus en détail dans un article qui lui sera consacré...

     

    A propos des Mister Jazz et Soul Crooners

     

    C'est donc tout naturellement au sein de grands big bands, que l'ensemble des crooners, ces chanteurs sexy et "classieux", ces Mister Jazz (Nat King Cole, Billy Eckstine...) et plus tard, les souls crooners (Ray Charles, Brook Benton, Barry White...) se produiront. La plupart d'entre eux ont le doux défaut, ou l'avantage, c'est selon, d'avoir du velours dans la voix ! Quand ils ne jouent pas d'un instrument, ils sont capables de chanter avec les plus grands artistes de jazz, dont ils ont gagné le respect.

     

    Billy Eckstine "Prisoner of Love"

    Nat King Cole Trio "It's Better To Be By Yourself" / "Solid Potato Salad'

     

     


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  • Après avoir publié la biographie de Sinatra, je ne pouvais passer sous silence le « Rat Pack ». En effet, celui-ci a apporté au genre crooner une célébrité mondiale et immémorable. La personnalité des membres de la « Bande de Rats » composée de Frank Sinatra (le boss), Dean Martin (le charmeur, ivrogne d'opérette et décalé en permanence), Sammy Davis Jr. (le souffre-douleur, le danseur, le « performer »), Joey Bishop (humoriste et auteur des sketches de la bande) et Peter Lawford (comédien d'origine britannique, marié à Pat, l'une des filles Kennedy) firent de cette famille la plus branchée, la plus imprévisible et la plus indisciplinée du genre. Ils représentaient la grande bourgeoisie de la société crooner, celle qui faisait fortune ! Quand les trois voyous-chanteurs de Vegas se réunissaient sur scène, la presse titrait « The Summit » : le sommet, un sommet de grosses rigolade sur fond de chansons swing et de romances à l'italienne. C'est ainsi que, à partir de 1959, les membres du Rat Pack devinrent les « rois du cool » de Las Vegas...

     

    The Rat Pack 

     

    Ils faisaient salle comble au Sands. Leurs performances sur et hors scène faisait se déplacer l'Amérique entière à  Las Vegas. Les soirs de première, toutes les chambres d'hôtels étaient prises d'assaut : il fallait absolument voir les phénomènes ! En plus, des vedettes invitées de haut niveau arrivaient sur scène sans avoir été annoncées : Bob HopeDan DaileyHarry JamesRed SkeltonShirley MacLaine, pour n'en citer que quelques-uns. Chaque fois qu'une personnalité célèbre se trouvait dans le public, Frank Sinatra laissait l'honneur à l'un de ses collègues de la présenter. Une fois... Dean Martin "Il y a un sénateur ce soir parmi nous et ce sénateur veut se présenter à la Présidence ou quelque chose de ce genre; on fait du golf ensemble, on pêche ensemble, c'est un de mes meilleurs potes." Puis il tourne vers Sinatra et demande "Mais zut, comment s'appelle-t-il déjà ?" et le sénateur John Kennedy part d'un grand éclat de rire. 

    The Rat Pack

    The Rat Pack

    The Rat Pack

     

    Mais le premier Rat Pack est né dans les années 50, à l'initiative d'Humphrey Bogart qui, avec sa femme Lauren Bacall, avait eu l'idée de réunir une joyeuse et prestigieuse assemblée de fêtards dans un petit cercle surnommé Holmby Hills Rat Pack et composé de personnalités du show-biz telles que Judy Garland ou David Niven. L'idée étant de se réunir, boire, fumer, et tenir des propos « politiquement incorrects » entre amis, autour d'une bonne table ! Frank Sinatra (ami du couple célèbre) fut invité à se joindre à ces réunions frivoles et arrosées. Dans la fin des années 50, peu après le décès de Bogart, Sinatra deviendra l'un des soupirants de la veuve blonde, mais également le leader de la bande, qu'il modèlera à son image.  

    The Rat Pack

    Humphrey Bogart, Lauren Bacall et Frank Sinatra

     

    Avec sa bande de rats, Frank Sinatra tournent "Les Inconnus de Las Vegas" (Ocean's Eleven, 1960) en extérieur à Las Vegas. Ce sera le premier des quatre films dans lesquels ils joueront ensemble. A propos des films du Summit, Sinatra expliquait : "Bien sûr, ce ne sont pas de grands films. Personne ne pourrait dire le contraire. Mais nous n'avions pas l'intention de faire "Hamlet" ou "Autant en emporte le vent". Nous devons faire des films qui plaisent aux gens. Du divertissement."  

    The Rat Pack

     

    La fin du Rat Pack s'amorce vers les années 60. A cette époque, les Rolling Stones font vibrer les transistors des GI's mobilisés au Vietnam : l'heure n'est plus à la rigolade, mais à l'engagement, à l'humanisme et à la réflexion. Les blagues salaces et machistes du Rat Pack deviennent soudain ringardes, tout comme les show télé de la bande : c'est la fin d'un règne et le début de l'automne des crooners... 

     


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  • Le modèle de la femme crooner : Julie London

    La saga du swing et du charme - Partie 7

    Dans les années 50, une actrice américaine connut de grands succès : Julie London. Rendue célèbre par sa voix suave et sensuelle, elle fut la première interprète de la fameuse chanson d'Arthur Hamilton, Cry Me A River, reprise de nombreuses voix par la suite et devenue aujourd'hui un classique. Julie London est considérée par certains comme le modèle même de la femme crooner. Belle, aussi à l'aise sur le grand écran que devant un micro, elle est un peu la mère spirituelle de toutes les chanteuses et/ou actrices dont je vous parlerai par la suite et dont l'une des dernières en date est la très talentueuse Diana Krall.

     

    Extrait d'une émission "The Rosemary Clooney Show du 29 mai 1956.
    C'est la première apparition télévisée importante de Julie. "Cry Me a River" (écrit et composé par Arthur Hamilton)
    étant le premier morceau à succès de son premier album <i>Julie Is Her Name</i>, sorti à peine six mois auparavant.
    Elle est suivie par le quatuor de The Hi-Lo qui <i>sérénade</i> Julie en admirant son magnifique
    portrait de couverture de premier album.

     

    (Prochainement, sur ce blog la biographie de Julie London)


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  • Dans l'article précédent , j'évoquais déjà le parallèle entre les crooners et le 7ème Art. Mais, il me semble intéressant de revenir quelques instants sur le contexte qui contribua à cette association...

    La saga du swing et du charme - Partie 6

    Les vedettes apprennent à parler

    Les années 30 marqua la fin des années folles et le début d'une dégringolade historique de la bourse de New York qui déclencha une crise financière sans précédent. Paradoxalement, cette période de récession attira énormément de gens dans les salles de cinéma où les fastes et le luxe des productions hollywoodiennes étaient à des années-lumière de ce que vivaient les spectateurs dans la réalité. Mais la population avait plus que jamais besoin de distractions.

    Depuis 1929, le cinéma n'était plus muet, certaines carrières se brisèrent (John GilbertLon Chaney), d'autres n'eurent d'autres choix que de s'adapter à cette nouvelle technologie tels que Mary PickfordDouglas Fairbanks Sr.John BarrymoreGreta Garbo et de nouvelles stars apparurent. L'avènement du parlant coïncidant à l'âge d'or du music-hall; il était donc inévitable que Hollywood fit main basse sur celui-ci et de ce que Broadway était en mesure d'offrir. la comédie musicale était née et celle-ci révéla les talents vocaux de vedettes comme Laurel et HardyJoan CrawfordBessie LoveJeanette MacDonald pour la MGM, de Maurice Chevalier à la Paramount, la Fox avec Bing Crosby ou encore la RKO avec Fred Astaire et Ginger Rogers. "A partir de maintenant la voix sera l'élément primordial de la réussite au cinéma" proclame cette publicité, ci-dessous.

     

    La saga du swing et du charme - Partie 6

     La saga du swing et du charme - Partie 6

    Bien sûr, d'autres styles cinématographiques eurent également beaucoup de succès tels que les films de gangsters, les westerns, les films de guerre ou familiaux (Shirley Temple), mais là n'est pas mon propos dans cette chronique sur la musique et parallèlement à l'émergence des crooners. 

     

     

     

     

     


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