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Frank Sinatra (1915 - 1998)
Après quelques comédiens devenus crooners, le temps de quelques chansons ou d'un album entier (mais il n'est pas impossible qu'on en reparle...), intéressons-nous à la génération des crooners qu'une majorité de gens connaissent.
Né d'immigrants italiens à Hoboken, New Jersey , Frank Sinatra a été grandement influencé par le style vocal intime et facile à écouter de Bing Crosby qu'il découvre en concert. Dès lors, le jeune homme se met à déambuler dans les rues de son quartier avec une veste en tweed et une pipe à la bouche, comme son idole ! Une fois le costume adopté, il force la main d'un groupe vocal amateur constitué de trois camionneurs, qu'il rebaptisera très rapidement les Hoboken's Four alors qu'il n'est guère séduit par sa voix, mais littéralement impressionné par son profond désir de réussir... Dès cette époque, le futur crooner passe une partie de sa journée à répéter et travailler son souffle. La grande chance de ce groupe de second choix sera d'être sélectionné par l'émission de radio itinérante du Major Bowes, sorte de « Star Academy » de l'époque, à la recherche de nouveaux talents. Ce qui les conduira au Capitol Theater de New-York et à une tournée itinérante organisée par le Major !
The Hoboken FourLa suite appartient désormais à l'histoire : devenu chanteur de radio trois fois par jour (matin, midi et soir), Sinatra donne en outre des représentations le soir dans un club, le Rustic Cabin. Il commence véritablement sa carrière musicale à l' ère du swing lorsque en 1939, le jeune trompettiste Harry James l'engage dans l'orchestre qu'il vient de monter. A cet époque, les « grands orchestres de swing » sillonnent l'Amérique pour faire danser les gens. Chaque orchestre a son chanteur vedette. C'est ainsi que, peu après, le grand Tommy Dorsey, « roi du swing », entend parler d'un « jeune boutonneux rital » qui fait des merveilles... Après l'avoir entendu, il lui offre un salaire double, tout en lui faisant signer un contrat l'obligeant à reverser, à vie, une partie de ses gains s'il quittait l'orchestre...
Frank Sinatra dans l'orchestre d'Harry JamesEn 1942, le jeune Sinatra triomphe dans les hit-parades, volant la vedette au chef d'orchestre Tommy Dorsey qui, du coup, se voit ramené à un rôle de simple accompagnateur. Un comble ! Le chef d'orchestre n'avait pas prévu que la radio et les juke-box allaient précipiter la mise en avant des chanteurs, aux dépens des chefs d'orchestre. La proximité de la voix, grâce à la magie des ondes et surtout au progrès du microphone, font de ces chanteurs de radio des êtres magiques, jouant du micro et faisant croire à chaque bobby soxer (groupie de l'époque) qu'à elle seule la chanson est destinée. Plus que tout autre, Sinatra amplifie le phénomène, d'autant plus que sa rage de vaincre le fait alors travailler en profondeur sa technique : à force d'observer les grands musiciens qui l'entourent, Sinatra travaille sa voix comme un instrument, il devient ainsi un maître pour des générations d'interprètes.
Sinatra et ses "bobby soxer"En 1943, après un long bras de fer avec Tommy Dorsey qui avait verrouillé Sinatra contractuellement, ce dernier parvient à se dégager de la mainmise de l'encombrant chef d'orchestre. Le chanteur devient libre pour rejoindre la firme Columbia Records en tant qu'artiste solo, chez qui il était, quelques années plus tôt, simple chanteur d'orchestre pour le Harry James Orchestra. Pour rapidement faire face au succès et au plébiscite des swooners (surnom des groopies s'évanouissant à l'apparition de la star), la nouvel maison de disque réédite à la hâte une chanson enregistrée en 1939 par le Harry James Orchestra (All Or Nothing At All) : à cette époque le nom de Sinatra n'était même pas mentionné !
All Or Nothing At All deviendra rapidement l'un des grands succès de l'année 1943. Ce titre fétiche pour l'artiste exprime, entre autres, sa revanche de chanteur d'orchestre anonyme devenu star . Pour l'anecdote, Sinatra réenregistrera quatre ou cinq fois cette chanson dont une version « disco » dans les années 1970 . Le même sort sera réservé à un autre de ses plus grand succès, signé Cole Porter : Night and Day. Il sort son premier album, The Voice of Frank Sinatra , en 1946.
Mais au début des années 1950, en pleine idylle mouvementée avec la star de cinéma Ava Gardner, sa carrière professionnelle est au point mort. Le public, les productions de cinéma et les maisons de disques l'abandonnent : en 1950, il se produit au Copacabana de New York devant plusieurs rangées de fauteuils vides. Seules ses premières, bénéficiant de la présence d'Ava, font salle comble ! Humiliation suprême pour celui que l'on surnomme désormais « monsieur Ava Gardner », contraint de suivre la femme qui l'aime sur ses tournages. Les relations deviennent explosives. Ava, le « pendant » féminin de Frank, est aussi impulsive et forte en gueule que lui. Et pour couronner le tout, le 26 avril 1950, Sinatra, totalement aphone, est obligé de quitter la scène peu fréquentée du Copacabana où il se produit. Une hémorragie des cordes vocales l'immobilisera pendant quarante jours. Sa carrière semble finie...
Frank et Ava GardnerSa carrière renaît en 1953 avec le succès de "Tant qu'il y aura des hommes" (From Here to Eternity), après avoir tourné un bout d'essai et fait des pieds et des mains auprès du producteur Harry Cohn afin d'être engagé, Sinatra sera enfin admis sur le tournage pour un cachet de 8000 dollars, soit 20 fois moins que ses cachets habituels... Son obstination sera payante, car le succès du film et l'Oscar qui lui sera remis, le 25 mars 1954, pour son admirable interprétation à l'écran relancent sa carrière de chanteur.
Il enregistre alors plusieurs albums salués par la critique, dont In the Wee Small Hours (1955), Songs for Swingin 'Lovers! (1956), Come Fly with Me (1958), Only the Lonely (1958) et Nice 'n' Easy (1960). C'est Nelson Riddle, ancien trompettiste de l'orchestre de Tommy Dorsey, devenu arrangeur pour la firme Capitol, qui va façonner le nouveau son de Sinatra. Ainsi démarre la longue série de ses enregistrements les plus prestigieux : la qualité des chansons, la stéréophonie, les orchestrations qui brillent et surtout la voix complètement mature du chanteur vont créer sa légende, ses yeux bleus brillants lui valant le surnom populaire « Ol 'Blue Eyes ».
La quintessence de la carrière de Sinatra, son apogée, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ne trouve pas son existence dans les années 1940-50, mais dans les années 1960. Même si, pendant cette époque tourmentée, l'artiste est accusé de malversations avec la Mafia, même si son ami John Kennedy disparaît tragiquement après l'avoir écarté de son entourage, Sinatra va vivre ses années les plus intenses et qualitatives sur le plan discographique. C'est aussi l'époque de la nouba tous les soirs à Las Vegas avec Dean Martin, Sammy Davis Junior et le reste du Rat Pack (bande de rats).
The Rat Pack : Sinatra, Dean Martin, Sammy Davis Jr., Peter Lawford et Joey BishopFrank Sinatra se forge également une carrière très réussie en tant qu'acteur de cinéma. Après avoir remporté un Oscar pour From Here to Eternity , il joue dans "L'homme au bras d'or" (The Man with the Golden Arm, 1955) et est acclamé par la critique pour sa performance dans "Un crime dans la tête" (The Mandchurian Candidate, 1962). Il apparaît également dans diverses comédies musicales telles que "Un jour à New York" (On the Town, 1949), "Blanches colombes et vilains messieurs" (Guys and Dolls, 1955), "Haute société" (High Society, 1956) et "La blonde ou la rousse" (Pal Joey, 1957), remportant un autre Golden Globe pour ce dernier.
Bande-annonce originale de "Un Jour à New York"
Bande-annonce originale de "La Blonde ou la rousse"Vers la fin de sa carrière, il jouera fréquemment des détectives, dont le personnage principal de Tony Rome (1967). Sinatra recevra plus tard le Golden Globe Cecil B. DeMille Award en 1971. À la télévision, The Frank Sinatra Show a commencé sur ABC en 1950 et il a continué à faire des apparitions à la télévision tout au long des années 1950 et 1960.
Avec Peggy Lee "Nice Work If You Can Get It" (1962)
Avec Ella Fitzgerald "The Lady Is A Tramp"Frank Sinatra mène parallèlement une vie personnelle agitée et est souvent impliquée dans des affaires turbulentes avec des femmes... Sa première épouse Nancy Barbato (1939-1949) lui donnera trois enfants : l'aînée, Nancy Sinatra deviendra comédienne et chanteuse comme son père. Il feront d'ailleurs quelques duos ensemble dont le fameux titre Somethin' Stupid. En second, les heureux parents auront un fils, Frank Junior, qui deviendra chef d'orchestre. Une petite Tina viendra complété la fratrie.
Avec Nancy Barbato et ses trois enfantsAvec sa dernière épouse Barbara Marx
Il divorcera de son épouse pour un mariage douloureux avec Ava Gardner (1951-1957), ensuite viendra l'actrice Mia Farrow (1966-1968) et Barbara Marx (à partir de 1976). Frank connaît également plusieurs affrontements violents, généralement avec des journalistes ou des patrons de travail avec lesquels il a des désaccords. Il est honoré au Kennedy Center Honors en 1983, reçoit le « Presidential Medal of Freedom » par Ronald Reagan en 1985, et la « Congressional Gold Medal » en 1997. Sinatra a également reçu onze « Grammy Awards », dont le « Grammy Trustees Award », le « Grammy Legend Award » et le « Grammy Lifetime Achievement Award ».
Frank Sinatra décède le 15 mai 1998, à l'âge de quatre-vingt-trois ans. Après son décès, le critique musical américain Robert Christgau le surnomme "le plus grand chanteur du 20ème siècle". Aujourd'hui il continue d'être considéré comme une figure emblématique des crooners et du swing. Il a été collectivement inclus dans la compilation du magazine Time des 100 personnes les plus influentes du XXe siècle.
Quelques uns de ses plus gros succès
- Fly Me To The Moon -
- My Way -
- That's Life -
- Somethin' Stupid -
- Come Fly With Me -
- Strangers in The Night -
- I've Got You Under My Skin -
- Theme From New York, New York -
- You Make Me Feel So Young -
- The Way You Look Tonight -
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Tags : sinatra, orchestre, frank, rat pack
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Commentaires
Bonjour Fred, marrant j'ai vu un reportage dimanche sur lui très intéressant, j'en ai appris un peu plus sur l'homme qui était fascine par Kennedy entre autres. Excellent chanteur en tout cas et un bon acteur. Joli reportage.
suPerbe j aime beauup Sinatra , un vrai crooner
et Ava Gardner la plus belle des stars
bonne fin d ejournée
kénavo FRED
Coucou Fred, j'ai mis Tony Bennett pour ma fille, hier elle me l'a mis en voiture quand on est parti pour le Dermatologue.
Merci Pour Franck Sinatra, j'adore...
Bonne journée
Arlette
BONJOUR FRED
AH SINATRA QUE DIRE !!!
UN ARTISTE COMPLET
BEL HOMME
UN PEU GANSTER SUR LES BORD lol...
MAIS QUI N'AIME PAS SINATRA
SUPER REPORTAGE MERCI DU PARTAGE
BON APRES MIDI
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Frank Sinatra j'adore, je pense que c'est un des meilleur crooners
en France nous avons Guy Marchand
bises amicales